Made in France - produit en France

Re-Découvrir les trésors du Made In France

Mois : mai 2025

Le renouveau de la filière bois française : entre exportation durable et industrie locale

Le renouveau de la filière bois française : entre exportation durable et industrie locale

Une filière bois française en pleine mutation : contexte et enjeux

En France, la filière bois connaît depuis quelques années un renouveau structurant, porté par la volonté de conjuguer performance économique, transition écologique et souveraineté industrielle. Longtemps délaissée au profit d’importations massives ou de matières premières plus industrialisées, la filière redécouvre ses atouts : une ressource renouvelable abondante, des savoir-faire ancrés dans les territoires et une demande croissante pour des matériaux durables.

Le contexte climatique et les ambitions européennes en matière de neutralité carbone renforcent la valorisation du bois, aussi bien dans la construction que dans la production d’énergie ou la fabrication de meubles. Par ailleurs, la demande mondiale s’accroît, notamment en Asie et en Amérique du Nord, générant des opportunités d’exportation pour le bois français. Cependant, cette dynamique suscite également des tensions entre export massif de grumes non transformées et développement d’une industrie locale performante en France.

Les ressources forestières françaises : un réservoir sous-exploité

La France dispose de l’un des patrimoines forestiers les plus riches d’Europe. Avec près de 17 millions d’hectares boisés, majoritairement composés de feuillus (chêne, hêtre, châtaignier) mais aussi de résineux (épicéa, douglas, pin), elle offre une ressource considérable aujourd’hui encore sous-exploitée. Le taux de prélèvement reste inférieur à celui des pays scandinaves ou de l’Autriche, laissant entrevoir un potentiel de développement.

Le bois est un matériau renouvelable, recyclable et peu énergivore à produire, ce qui en fait un levier stratégique dans la lutte contre le changement climatique. La mise en valeur durable des forêts françaises passe néanmoins par une gestion attentive : régénération naturelle, sylviculture raisonnée et adaptation aux effets du réchauffement climatique (feux, tempêtes, maladies).

Exportation de bois français : une croissance qui interroge

Ces dernières années, les exportations de grumes, notamment vers la Chine, ont connu une augmentation fulgurante. À titre d’exemple, les volumes de chênes bruts exportés ont été multipliés par trois entre 2015 et 2020. Cette tendance, bien que favorable à court terme pour certains acteurs, soulève plusieurs problématiques économiques et environnementales.

En exportant du bois non transformé, la France perd de la valeur ajoutée, des emplois industriels et une part de sa souveraineté économique. De plus, cette orientation accroît les pressions sur certaines essences très recherchées, au détriment d’un équilibre forestier durable. Le gouvernement a engagé plusieurs mesures incitatives et réglementaires pour favoriser la transformation locale, comme des quotas ou la mise en place de coopératives locales de valorisation du bois.

Reconstruction d’une industrie locale du bois : défis et opportunités

L’un des enjeux majeurs de la filière bois française est la montée en gamme de son industrie de transformation. Cela passe par la modernisation des scieries, le développement de la filière bois-énergie, l’innovation dans les matériaux biosourcés et la relance de métiers en tension comme les charpentiers, menuisiers et techniciens forestiers.

Plusieurs initiatives structurantes émergent :

  • Création de circuits courts autour du bois local pour les marchés publics (logements sociaux, écoles, bâtiments administratifs).
  • Développement de l’industrie du bois lamellé-collé et du CLT (cross-laminated timber), très prisés dans la construction bois moderne.
  • Labels et certifications (PEFC, FSC, Bois Français) pour garantir la traçabilité et l’origine du bois transformé.
  • Investissements publics et privés dans la numérisation des chaînes de production et la revalorisation des déchets bois.

Ces actions visent à faire de la France non seulement un pays producteur, mais aussi transformateur et exportateur de produits finis à haute valeur ajoutée. Le soutien à l’industrie locale du bois devient ainsi une priorité stratégique territoriale et nationale.

Construction bois : un moteur pour la demande intérieure

Le bâti est l’un des principaux débouchés pour le bois français. Sous l’impulsion de la réglementation environnementale RE2020, le bois devient un matériau de référence dans les nouvelles constructions écologiques. De nombreuses collectivités territoriales s’engagent à favoriser la construction bois dans leur politique d’urbanisme. À cela s’ajoute une volonté croissante des particuliers pour des habitats plus durables, sains et économes en énergie.

La construction bois permet de réduire considérablement les émissions de CO₂, tout en assurant des performances thermiques et acoustiques très intéressantes. Cependant, elle implique de maîtriser toute la chaîne, depuis le choix des essences jusqu’au montage sur chantier. C’est pourquoi le développement d’une industrie locale compétente et bien formée devient essentiel pour répondre à ces nouvelles demandes qualitatives.

Vers une gestion durable et intelligente de la ressource forestière

Pour assurer un équilibre entre exportation, industrie locale et préservation de l’environnement, la gestion durable des forêts françaises est incontournable. Cela passe par :

  • Une meilleure coordination entre acteurs publics, propriétaires forestiers privés et exploitants.
  • Des plans pluriannuels de gestion tenant compte des dynamiques locales et du changement climatique.
  • Une politique de reboisement ambitieuse, favorisant la diversité des essences pour renforcer la résilience des forêts.
  • L’utilisation de technologies numériques (télédétection, cartographie dynamique) pour une exploitation forestière de précision.

De nouvelles approches telles que la « foresterie intelligente » ou encore les crédits carbone forestiers apparaissent comme des pistes prometteuses, conjuguant rentabilité économique et exigence écologique.

Un avenir prometteur pour la filière bois française

Le renouveau de la filière bois française s’inscrit dans un contexte mondial favorable au développement des matériaux naturels et à la revalorisation des économies locales. Entre exportations sélectives, montée en gamme industrielle et préservation environnementale, l’équilibre reste subtil mais réalisable.

Les acteurs publics et privés misent aujourd’hui sur des logiques partenariales : rapprochement des filières bois-forêt, investissements dans la formation et la recherche, incitations fiscales pour le bois local, etc. La structuration du secteur peut permettre à terme non seulement de répondre à la demande intérieure croissante, mais aussi de conquérir des marchés internationaux avec des produits transformés de qualité écoresponsable.

La filière bois est donc bien plus qu’un atout pour la transition écologique. Elle représente une chance unique pour la France de réindustrialiser ses territoires, recréer des emplois durables et affirmer son rôle dans la bioéconomie de demain.